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Date de création 23 novembre 2007
Date de dernière mise à jour 23 mai 2010
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Mes chanteurs préférés

Hommage de Georges Brassens à Jacques Brel

Copie d’un article paru dans le VSD du 12 octobre 1978


Hommage d’un grand à un autre grand de la chanson française.

Des souvenirs ? Des images ! Évoquer le passé ? Je me suis demandé si il fallait parler… Brel était tellement discret… Son seul souci était qu’on ne l’emmerdât point. Je le comprends. Mais puisque la faucheuse est passée par là… on ne pas laisser Brel partir comme ça. Il me semble difficile de se taire. Je ne suis pas partisan des nécrologies, j’aime bien parler de la mort pour rigoler, mais sérieusement je ne sais pas le faire.

Non, Brel n’est pas mort. Avec ce qu’il a fait, avec qu’il a écrit, avec ses qualités d’homme et ses qualités d’auteur, comment voulez vous l’enterrer ? IL EST LA (…)

Avant son départ aux Marquises, au temps où nous habitions ensemble, du côté de la Tombe-Issoire, j’avais été malade. La veille de mon opération, c’est qui m’avait transporté à 2 ou 3 heures du matin à l’hôpital. Je pense à cela, parce que ce jour là c’est moi qui aurait pu partir. Il est probable qu’on lui aurait alors demandé de parler de moi…

Je l’ai connu Aux trois Baudets. A ce moment là il m’a d’ailleurs demandé, il m’a fait l’honneur de me demander, d’entendre ses chansons, je lui ai dit qu’il fallait continuer s’acharner. C’était en 1952… Personne ne croyait en Brel.

Il a apporté à la chanson cette espèce de qualité gigantesque d’expression, qui nous manque un petit peu en France (où nous sommes plus ironiques que forts). C’est un belge, c’est un flamand avec que cela comporte de grand, quoi. Il a apporté une façon de se bagarrer contre des moulins. D’ailleurs c’est pour rien qu’il a fait "l’homme de la Mancha", c’est parce qu’il était un véritable Don Quichotte. Il l’était dans la vie. Il l’était partout et quand il n’y avait pas d’obstacles, il les inventait pour les surmonter.

Autrefois il travaillait tous les jours, un soir à Bruxelles, le lendemain à Marseille, le jour d’après au Congo. Il n’arrêtait pas. Je pense que dans sa vie intérieure, il devait y avoir une certaine pagaille à ce moment là, surtout quand on sait ce que ça lui coûtait de passer en public. Pour lui c’était une performance d’athlète.

Après le spectacle, Brel aimait traîner dans les boîtes de nuit les plus infâmes. Le fait de fréquenter ce qu’il y a de plus moche, de plus laid, de plus bas, lui redonnait lorsqu’il revenait à l’air frais, le goût de vivre.

Une façon d’aller chercher un peu d’optimisme, d’énergie, dans les bas fonds.

Brel était agressif, passionné, outrancier, il aimait le bien-manger, et les bières fortes. Quand on est amis, on finit par se ressembler. Nous étions différents que dans le comportement sur scène. Moi je suis un être un peu plus intérieur, apparemment.

Mais où était la différence puisqu’on s’exprimait, puisqu’on racontait nos histoires aux autres… Brel le faisait avec plus de gestes que moi, il faut dire qu’il avait posé la guitare, c’est plus facile de faire des gestes quand on n’a pas de guitare, il le faisait en criant plus que moi, parce que sa voix le lui permettait. Vous savez, pour aller devant un public lui raconter ses histoires, il faut un sacré culot, d’aucuns diraient du courage…

On vise à être aimé, on vise à se faire des amis, on ne cherche pas seulement à gagner du fric…. Je ne sais pas s’il avait de l’admiration pour moi et le respect de l’ancien. On parlait très peu de ça quand on était ensemble. On plaisantait on parlait de rien on parlait de tabac, on parlait de filles, on ne parlait pas de nos chansons et je ne passais pas mon temps à lui dire que ce qu’il faisait était bien. Je n’ai jamais dit à Brel autant de bien de lui que je dis aujourd’hui. Ce qui comptait pour nous, c’était d’être ensemble, même silencieux.

Jacques Brel, Léo Ferré et Georges Brassens


Dernière mise à jour du site : 4 août 2013 | Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | SPIP | squelette | Habillage : Rouge sang | © 2006-2024 – Xébiaut